En 1960, le prince Aga Khan commanda à Cartier une broche exceptionnelle pour sa future épouse, Nina Dyer, intégrant une émeraude d’une qualité inégalée. Cette pièce, véritable chef-d’œuvre, fit partie de la première vente de bijoux de Christie’s Genève, organisée le 1er mai 1969. Près de 55 ans plus tard la broche réapparait chez Christie’s et est adjugée pour le prix record de 8,859,865 dollars.
Le Prince Aga Khan et Nina Dyer
Née à Ceylan en 1930, Nina Dyer s’installe en Angleterre pour poursuivre une carrière dans la mode. À 20 ans, elle devient mannequin à Paris, notamment pour Balmain. En 1954, elle épouse le baron Hans Heinrich Thyssen-Bornemisza, héritier de l’empire Thyssen, qui lui offrira de nombreux cadeaux dont une île jamaïcaine et des bijoux d’exception tels que le diamant “Blue Heart”. Mais suite à de nombreuses tensions le couple se sépare en 1956. Un an plus tard, Nina Dyer rencontre le prince Aga Khan, le deuxième fils du sultan Mahomed Shah Aga Khan III, l’imam héréditaire de la secte ismaélienne du chiisme. Dyer et le prince se marièrent en 1957, et Dyer prit le nom de princesse Nina Aga Khan. Au cours de leur mariage, le prince lui offrit de somptueux cadeaux, notamment des voitures de sport de luxe et des bijoux de marques célèbres telles que Cartier, Mappin & Webb et Harry Winston.
Une émeraude somptueuse
Parmi ces bijoux somptueux, le Prince Aga Khan lui offrit cette broche exceptionnelle réalisée par la Maison Cartier en 1960 sertie d’une émeraude colombienne de 37 carats dans un entourage de 20 diamants de taille marquise pour 12 carats l’ensemble. La pierre précieuse a été découverte à Muzo, une mine d’émeraude colombienne située à environ 96 kilomètres au nord de l’actuelle Bogotá. Sa qualité exceptionnelle en fait une pièce d’une extrême rareté.
« La collection de bijoux de Nina Dyer incarnait l’élégance, le raffinement et le bon goût », se souvient François Curiel qui commençait tout juste sa carrière chez Christie’s, ajoutant que chaque pièce proposée à la vente était d’une qualité exceptionnelle. « L’atmosphère dans la salle de vente était électrique. Les enchères affluaient de partout dans la salle et certains lots ont mis plus de cinq minutes à être vendus en raison du grand nombre de personnes qui les avaient achetés. »
Bien que les émeraudes présentent généralement des inclusions et des fissures superficielles, celle de la broche Aga Khan se distingue par sa rare pureté et son absence de traitement. Sa forme unique, extrêmement fine et plate, lui confère l’apparence d’une émeraude de 50 carats, bien qu’elle pèse moins. Lors de sa vente en 1969, cette broche atteint 900 000 CHF et devient l’un des lots phares de la vente, qui totalise 12,7 millions CHF. Elle est ensuite acquise par Van Cleef & Arpels, avant de passer entre les mains de Harry Winston, qui la transforme en pendentif.