Le Gouaché en Joaillerie est un art peu connu du grand public. En effet, derrière la pièce finie se cache ce travail d’exception qui va permettre de guider le bijoutier lors de la réalisation de cette dernière. Il est en quelque sorte le lien entre le dessinateur et le joaillier.
Évoquer le gouaché c’est évoquer les nombreuses heures de travail pour transformer une esquisse en un rendu très réaliste du bijou. C’est une étape essentielle du processus de fabrication. En effet, au dessus du simple dessin c’est un véritable plan technique. Du gemmologue au sertisseur en passant par le polisseur tout les acteurs vont s’y référer pour donner naissance à un bijou.
Qu'est-ce qu'un gouaché en Joaillerie ?
Au delà du simple dessin en couleur, le gouaché c’est la fiche technique du bijou. C’est lui qui va donner la marche à suivre au bijoutier.
En effet, le gouaché respecte des codes précis. Par exemple, il est toujours à l’échelle, la luminosité vient uniquement du coté supérieur gauche autant d’indicateurs qui vont permettre de transposer ce dessin en bijou.
Ainsi, le “gouacheur” est essentiel dans le processus de fabrication. il se doit d’être précis et doté d’une grande concentration pour pouvoir transmettre les émotions et l’âme du bijou.
Interview d'Estelle Lagarde, gouacheuse de talent passionnée par son métier ...
Rares sont les personnes capables d’une telle finesse d’exécution qui requiert un vrai savoir-faire. De ce dernier, Estelle Lagarde en a fait son métier et nous émerveille régulièrement à travers son compte Instagram (@lagardejewelrydrawing) maitrisant aussi bien la Haute-Joaillerie que la Haute-Horlogerie.
Ses gouachés d’une finesse exceptionnelle en ont fait une référence dans ce domaine d’exception, mais derrière ces somptueuses réalisations se cache une jeune femme passionnée que j’ai eu la chance d’interviewer.
Comment en es-tu venue à t’intéresser au bijou ?
“J’ai reçu un jour un kit pour faire des bijoux en perles de Swarovski par des amis de mes parents. Nadine ! Qui faisait des bijoux incroyables avec ça. On aurait dit du tricotage de perles ! Je trouvais ça trop joli, il y avait pleins de motifs et de couleurs différentes ! Elle m’a donnée toutes ses perles et ses bouquins et j’ai appris à en créer.
J’en ai fait un petit paquet que je vendais avec mon frère pour m’acheter des bonbecs au premium de la grande Rue de Bourg-Saint-Maurice. Haha. Ça me rappelle des bons souvenirs ! Et c’est comme ça que j’ai commencé à aimer les bijoux. Mais j’étais sacrément gourmande c’est pour ça que j’en créait toute une ribambelle !”
Quel est ton parcours ? Et que fais-tu actuellement ?
“J’ai passé un brevet des collèges et je suis allée faire un CAP et un BMA au Lycée professionnel d’Amblard à Valence. Ensuite j’ai travaillé un an au studio création chez Van Cleef & Arpels à Paris ! Là-bas j’ai reçu d’excellents conseils pour progresser. C’était chouette ! Ensuite, j’ai travaillé quatre ans en tant qu’émailleuse. Ce n’était pas vraiment ce qui m’intéressait alors après cette expérience je suis partie vivre l’aventure qui me faisait rêver !”
Nous pouvons admirer toutes tes créations sur Instagram notamment, mais quel est ton gouaché préféré ?
“Je crois que je n’en ai pas ! Je les aime tous de manière différentes. On passe beaucoup de temps ensemble à chaque fois. Et il s’en passe un paquet de choses avec eux !
Ils me donnent tous des émotions différentes car ils ont des histoires différentes … Parfois je me réjouis avec eux, parfois je m’énerve avec eux, parfois j’ai de l’espoir avec eux, de la tristesse, de l’ennui, de l’excitation, du stress, du rêve le temps de leur mise en couleur mais j’ai toujours beaucoup de joie de les découvrir terminés. C’est le moment que je préfère, d’ailleurs je prends toujours du temps pour les regarder et apprécier le travail effectué car ça me demande beaucoup de concentration et beaucoup de patience”.
Pourquoi les Maisons Joaillières tiennent tant à préserver ce savoir-faire à l’heure des logiciels de création ?
“C’est un métier qui a toute son importance dans la Haute Joaillerie, c’est la fiche technique du joaillier. Mais je crois que le vrai luxe aujourd’hui c’est de recevoir de l’émotion. Et le travail fait main le rend bien ! Le bijou est présenté au client de cette manière et l’émotion est bien plus forte ! C’est ce qui fera chavirer son coeur”.
Depuis peu, j’ai pu voir que tu réalisais des gouachés de montres d’une extrême précision. Tu es plutôt bijoux ou montres ?
“J’aime les montres pour le défi qu’elles me demandent et pour les matières utilisées. Mais j’aime aussi la Haute Joaillerie pour la transparence qu’il faut retranscrire, la poésie qu’il faut apporter dans la peinture, la délicatesse et l’éclat ! Ce sont deux choses différentes et elles me permettent de varier les plaisirs !”
Tu as ouvert une formation dans laquelle tu proposes des cours sur le gouaché. Comment t’est venue cette idée ?
“Humm. Tu vas rire. Il y a plusieurs raisons à ça ! La première c’est que je me suis toujours demandé pourquoi les métiers d’art disparaissaient et c’est là que m’est venue l’idée de transmettre. Car la réponse principale que j’ai donnée au problème c’était le manque de transmission. La deuxième qui vous fera rire c’est que je me suis dit que je ne pourrais pas faire ça toute ma vie. La vieillesse (dit-elle à 27 ans), mes yeux, la posture de travail, la concentration. Et je me sent avoir d’autres envies professionnelles alors je n’ai pas envie que mes connaissances meurent avec moi, si je dois arrêter un jour pour n’importe quelle raison. je voulais faire perdurer et prolonger la vie de ce savoir-faire, c’est toute ma vie !
J’espère que je verrais naître de belles mains avec ces cours. Ça sera ma plus grande satisfaction !”
Des projets pour la suite Estelle ?
“J’en ai beaucoup trop ! Mais celui que j’aimerai réaliser en premier c’est une collection de bijoux access ! J’ai déjà ma petite idée !
Remerciements à Estelle pour ses réponses, sa joie de vivre et le partage de sa passion.
Voici un lien pour accéder au catalogue des formations proposées par Estelle Lagarde !
