L’histoire des Romanov, dernière dynastie impériale de Russie, est marquée par un faste inégalé et une tragédie poignante. Les joyaux de la famille impériale, notamment leurs somptueux diadèmes, témoignent de cette grandeur passée, bien que beaucoup d’entre eux aient disparu dans les tumultes de la révolution russe.
En 1917, la révolution russe mit fin à plus de trois siècles de règne des Romanov. L’abdication de Nicolas II, suivie de l’assassinat brutal du dernier tsar, de son épouse Alexandra Feodorovna et de leurs cinq enfants en juillet 1918, scella la chute définitive de l’empire. Les bolcheviques, avides de renverser l’ancien régime, s’emparèrent d’une grande partie des trésors impériaux, dont les célèbres joyaux de la couronne. Ces derniers furent méthodiquement inventoriés, photographiés, puis vendus à l’étranger pour financer la révolution et consolider le régime soviétique.
Les Diadèmes des Romanov : Éclats d’une époque révolue
Parmi ces trésors, les diadèmes des Romanov tenaient une place centrale. Symboles de pouvoir et de richesse, ces pièces magistrales, souvent réalisées par les plus grands joailliers tels que Bolin ou Cartier, incarnent le raffinement et le prestige de l’aristocratie russe. Hélas, la plupart furent démontés, leurs pierres précieuses vendues séparément. Quelques rares diadèmes survécurent à cette vague de destruction, devenant une monnaie d’échange précieuse pour les membres exilés de la famille impériale, qui durent vendre ces bijoux pour subvenir à leurs besoins en exil.
Heureusement, il existe quelques photographies précieuses qui regroupent une partie des bijoux des Romanov, incluant de nombreux diadèmes emblématiques, avant qu’ils ne soient dispersés à travers le monde.
Dans cette section, j’ai tenté de lister et de décrire ces diadèmes, en m’appuyant sur cette image historique et les quelques archives disponibles. Bien que beaucoup de ces joyaux aient disparu dans les tourments de l’histoire, leur mémoire perdure à travers ces rares témoignages visuels et l’histoire fascinante des Romanov. Enfin si vous souhaitez en savoir plus sur le trésor impérial des Romanov j’ai écrit un article important et réalisé une vidéo à ce sujet.
Diadème Kokóshnik diamants
Ce diadème Kokóshnik appartenait à l’impératrice Maria Feodorovna, épouse de l’empereur Paul Ier. Son élément central est un spectaculaire diamant rose de 13,35 carats. Ce diadème est également le seul à avoir survécu à la Révolution russe et à être resté en Russie, en faisant un trésor inestimable de l’histoire impériale. Il est serti de 175 grands diamants et de plus de 1 200 petits diamants. La rangée centrale se distingue par des diamants en forme de goutte, suspendus librement, capturant et reflétant la lumière à chaque mouvement de tête, ajoutant une élégance saisissante à cet ouvrage. Il fut porté par l’impératrice Maria Feodorovna lors de son mariage et est devenu par la suite un diadème prisé des mariées de la famille impériale.
Couronne nuptiale des Romanov
L’impératrice Alexandra porta cette couronne lors de son mariage avec Nicolas II en 1894, établissant ainsi son statut de joyau incontournable des regalia impériaux de mariage. Ce diadème était traditionnellement accompagné d’un kokóshnik incrusté de diamants, porté devant, ainsi que de longues boucles d’oreilles en diamant. La couronne, d’une forme simple en sphère, est composée de six bandes en argent, surmontées d’une croix sertie de six grands diamants. Les bandes de la couronne sont ornées d’environ 1 535 diamants, cousus sur des supports recouverts de velours. Il a été vendu par les bolcheviques et racheté plus tard par Marjorie Merriweather Post qui était une grande collectionneuse de bijoux. Il est actuellement conservé au Hillwood Museum.
Diadème diamants et émeraudes par Bolin
Ce somptueux diadème, créé vers 1900 par la prestigieuse maison Bolin, est un véritable chef-d’œuvre. Sertie de diamants et d’émeraudes colombiennes, cette pièce incarne le raffinement des bijoux impériaux de l’époque. Son design met en avant des motifs de nœuds, très prisés au début du XXe siècle, ajoutant une touche d’élégance intemporelle. En 1925, il figurait parmi les joyaux inventoriés et photographiés par les autorités soviétiques. Malheureusement, l’emplacement actuel de ce diadème demeure inconnu.
Le diadème « Vladimir »
Sorti clandestinement de Russie après l’assassinat tragique du tsar Nicolas II et de sa famille, le diadème Vladimir possède une histoire fascinante, digne des plus grands romans. Ce joyau impérial appartenait à la grande-duchesse Maria Pavlovna, épouse du grand-duc Vladimir Alexandrovitch, oncle du tsar. Femme charismatique et élégante, elle fut la dernière des Romanov à quitter la Russie en 1920, après avoir survécu aux tourments de la Révolution.
L’histoire de sa fuite est marquée par le courage d’Albert Stopford, un antiquaire et marchand d’art britannique. Ami proche de la grande-duchesse, Stopford parvint à extraire 224 bijoux de son coffre-fort au palais, parmi lesquels se trouvait le diadème Vladimir. Ces trésors furent transportés clandestinement jusqu’en Angleterre, où, en janvier 1920, la maison Garrard dressa un inventaire des pièces. Le voyage tumultueux avait toutefois laissé des traces : certaines perles et diamants manquaient, et le diadème était endommagé.
Grand Duchess Maria Pavlovna c.1890
Queen Elizabeth Il and President Rene Coty in April 1957 ©Getty Image
The tiara allows you to choose between emeralds, pearls or the frame alone
The tiara with the "Cambridge" emeralds
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En février 1920, Maria Pavlovna quitta définitivement la Russie à bord d’un bateau à vapeur italien, qui la conduisit à Venise avant de rejoindre la France. Ce périple éprouvant eut des conséquences dramatiques sur sa santé, et elle s’éteignit quelques mois plus tard. Le diadème fut transmis à sa fille unique, la grande-duchesse Elena Vladimirovna.
La reine Mary, grand-mère de la reine Élisabeth II, acquit le diadème Vladimir auprès de la princesse Elena. Consciente de l’état fragilisé du bijou, elle confia sa réparation à Garrard, célèbre joaillier de la Couronne. Non seulement le diadème fut restauré, mais la reine Mary y ajouta également 15 émeraudes issues de sa propre collection. Elle fit installer un ingénieux mécanisme permettant d’intervertir facilement les émeraudes et les perles d’origine, offrant ainsi deux versions du bijou.
Le diadème "Beauté de Russie"
L’un des diadèmes les plus célèbres ayant appartenu aux Romanov est une création datant de 1841, réalisée par le joaillier Carl Bolin pour Alexandra Feodorovna (1798-1860), épouse de l’empereur Nicolas Ier de Russie. Ce diadème, une véritable œuvre d’art, était composé de 928 diamants et de 25 perles en gouttes. Après la Révolution russe, le joyau fut vendu par les Bolcheviks et commença un long périple à travers les mains de différents propriétaires. En 1927, il fut mis aux enchères chez Christie’s et acquis par la maison Holmes and Co. Quelques années plus tard, en 1930, le 9e duc de Marlborough, Charles Spencer-Churchill, l’acheta pour la somme de 3 500 £ et l’offrit à son épouse Gladys Spencer-Churchill, née Deacon.
Le diadème réapparut ensuite en 1978, lorsqu’un bijoutier londonien anonyme l’acheta lors d’une nouvelle vente aux enchères. Dans les années 1980, il passa entre les mains d’Imelda Marcos, épouse de l’ancien président philippin Ferdinand Marcos. En 1986, après la chute du régime Marcos, le diadème fut confisqué par la Banque centrale des Philippines. Aujourd’hui, l’original reste introuvable, mais une réplique a été réalisée en 1987 par des joailliers soviétiques pour le Fonds de Diamants de Russie.
The diadem and the Duchess of Marlborough
Replica of the “Beauty of Russia” tiara
Diadème "épi de blé" diamants et saphir
Ce diadème au design unique a appartenu à l’impératrice Maria Feodorovna. Composé d’épis de blé sertis de diamants, il est sublimé (sur le diadème original) par un saphir incolore serti en son centre. Le destin de ce diadème après sa vente demeure inconnu. Cependant, en 1980, des joailliers soviétiques ont réalisé une réplique de cette pièce, baptisée « Champ russe » sertie d’un saphir jaune, qui est aujourd’hui conservée dans le Fonds du diamant.
Diadème diamants et saphirs par Friedrich Köchli
Ce magnifique diadème a été réalisé en 1894 par Friedrich Köchli (orfèvre d’origine suisse qui travaillait pour la cour impériale de Russie dont l’entreprise était située à Saint-Pétersbourg) pour Alexandra Feodorovna. Il était en or et argent serti de seize saphirs et de diamants. Il a été probablement démonté suite à sa vente par les bolcheviques.
Petit diadème par Boucheron
En 1894, le tsar Nicolas II offrit à Alexandra Feodorovna un diadème en perles en cadeau de mariage, un bijou qu’elle porta tout au long de sa vie. D’une élégance discrète et raffinée, ce diadème était souvent arboré par l’impératrice lors de dîners familiaux, témoignant de son style sophistiqué. Probablement réalisé par la maison Boucheron, ce diadème se distinguait par son style assez inhabituel pour ce type de création à l’époque. Il était composé de 18 fleurs en or serties de diamants, formant un ornement d’une rare finesse. Le destin de ce bijou reste cependant un mystère, en effet après la Révolution bolchevique de 1917, sa trace a été perdue.
Diadème en diamant
Ce diadème de style Empire en or et argent serti de diamants, réalisé au début des années 1800, reflète parfaitement les tendances de l’époque. En son centre, un somptueux diamant de 11 carats attire tous les regards. La première propriétaire de ce joyau fut l’impératrice Élisabeth Alexeïevna, épouse d’Alexandre Ier, et il fut ensuite transmis à Alexandra Feodorovna, épouse de Nicolas II. Une photographie célèbre de cette dernière, datant de 1911, la montre portant ce diadème étincelant. Malheureusement, après la Révolution bolchevique de 1917, le diadème fut vendu à l’étranger et probablement démonté.
Diadème en perles et diamants
Ce magnifique diadème fin XIXe en or et argent serti de diamants et de perles faisait partie initialement d’une parure réalisée pour Maria Feodorovna. Malheureusement, ce diadème fut saisi par les Bolcheviks après la Révolution de 1917. Il semble avoir été vendu dans les années 1920, sa trace se perdant dans l’histoire.
Diadème en perles et diamants
Ce diadème impressionnant était orné de 113 perles et de dizaines de diamants de tailles variées. Il a été réalisé aux alentours de 1830 par le joaillier Gottlieb Ernst Jahn qui venait de reprendre la suite de Andreas Roempler pour Alexandra Feodorovna. Aucune trace ne subsiste de cette pièce majeure suite à sa vente en 1922. Il a été très probablement démonté.
Diadème saphirs et diamants par Cartier
Ce somptueux diadème fut offert à la grande-duchesse Maria Pavlovna de Russie par son père, le grand-duc Paul Alexandrovitch, à l’occasion de son mariage avec le prince Wilhelm de Suède, duc de Södermanland. Réalisé par la maison Cartier en 1908, ce joyau mêle avec élégance saphirs et diamants, mettant en valeur le raffinement et l’opulence caractéristiques de l’époque. Comme la plupart des autres diadèmes, on ne retrouve aucune trace récente.
Diadème diamants et cristal de roche par Cartier
Ce diadème fut conçu par Charles Jacqueau pour Cartier en 1911 et réalisé dans les ateliers parisiens de la maison. Fabriqué en cristal de roche sculpté, serti de platine et de diamants, il comportait en son centre un diamant rond parfait de 3,66 carats. Jacqueau avait imaginé une petite série de diadèmes dans un style similaire, utilisant des matériaux innovants pour l’époque, mais la plupart de ces créations ont disparu au fil du temps. Comme de nombreux aristocrates russes, Irina Yusupov et son époux, Félix Yusupov, furent contraints de fuir la Russie lors de la révolution de 1917. Bien qu’ils aient réussi à emporter et à vendre certains de leurs précieux trésors pour subvenir à leurs besoins, ce diadème ne fit pas partie des joyaux sauvés. Caché dans l’une de leurs demeures russes, il fut finalement découvert par les révolutionnaires, confisqué, puis probablement vendu ou démonté.